Bon, mon titre est faux. Je n'ai pas dit "Bye bye,boss" parce que... c'est moi le boss...
Avant tout ça, j'étais entrepreneure générale en rénovations. J'ai fait ma licence il y a quelques années en pensant faire le bureau pendant que mon mari serait sur les chantiers. Puis je me suis découvert une passion pour la job de chantier alors je faisais les deux. Et autant je suis féminine, autant j'adorais la job, me salir, et me dépenser physiquement.
Depuis bientôt 8 mois, c'est impossible pour moi de retourner sur les chantiers. J'y pense souvent, avec tristesse. Et bien qu'il y ait un infime espoir, je choisis de faire mon deuil de cette partie de mon métier plutôt que de vivre dans l'échec constant de ne pas réussir à y retourner. Et si jamais un miracle advenait, eh bien ce serait une belle surprise...
Ça reste un deuil difficile. Même si je peux encore faire le bureau, rencontrer les clients, faire les soumissions, des petites commissions (pas trop lourd, pas trop de déplacement...), c'est difficile d'accepter mes nouvelles limites, de devoir travailler moins parce que mon corps ne suit juste pas alors que ma tête voudrait tant... c'est aussi, encore, le regard des autres. Parce que ma maladie est invisible, on me dit souvent :'ben voyons donc, tu serais capable' ... J'sais pas pour vous mais moi, j'ai pas envie de manipuler une scie quand certains jours juste écrire avec un stylo me fatigue la main... ??
Il y a aussi le côté accomplissement. Personnellement, et comme plusieurs, j'ai besoin de vivre des réussites, de savoir que ma journée a servi à quelque chose... et pas seulement la vivre. Mon métier me permettait de vivre cette fierté. En décembre dernier, j'ai posé la céramique seule dans une douche. J'ai fait les coupes, la pose, le coulis, le silicone... c'était MA douche. Et j'étais heureuse. Seule dans cette salle de bain, avec ma musique et mes outils, dans ma petite bulle. Et j'en ai parlé de MA douche... Je vis quand même quelques fiertés quand je fais mes soumissions ou trouve des solutions, mais rien comme ce que cette douche m'a fait vivre...
Pourquoi je parle de tout ça? Non, je ne cherche pas la pitié, parce que malgré tout, j'arrive à trouver un nouveau beat et vivre des petits bonheurs. En ce moment, je fais du plâtre dans ma salle de bain. Mais plutôt que de le faire en une journée, je fais 15 minutes par jour, je respecte mes limites et 'j'aide' mon mari en faisant des trucs pour la maison... J'en parle parcqu'il est temps que la population reconnaisse les limites et les maladies invisibles. Il est temps qu'on arrête de penser que ce qui ne se voit pas n'existe pas... arrêter de penser que nous sommes paresseux ou autre... parce que savez-vous quoi? C'est ce qui me fait le plus mal.
Comments